La Pinte des Mossettes, sérénité terrestre !

Edouard Amoiel

22 septembre 2025

Le chef Nicolas Darnauguilhem se rapproche encore un peu plus de ses convictions culinaires : respect de la terre, mise en avant des saisons et culte du produit.

Déjeuner à La Pinte des Mossettes se mérite ! La route qui mène à cette institution champêtre est sinueuse mais nous invite à des rêveries gourmandes. Une véritable échappée belle montagnarde. On se laisse porter par la beauté du paysage. Notre âme de gastronome vagabonde en imaginant le périple culinaire qui nous attend. Le chef Nicolas Darnauguilhem est en accord total avec l’environnement et s’est parfaitement approprié la culture et la maîtrise des produits locaux, nous donnant ainsi le pouvoir de renouer avec nos sens. En tant que convive, je constate avec plaisir que ce talentueux cuisinier est plus que jamais en phase avec sa philosophie gastronomique.

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Les mélodies jazzy à la Pinte des Mossettes ©Edouard Amoiel

Infusion végétale

Un rayon de soleil vient joyeusement nous réchauffer au moment de l’apéritif tandis qu’une coupe de champagne nous entraîne aussitôt dans l’univers de Nicolas Darnauguilhem. Les cocoricos de la basse-cour située en contrebas se font entendre comme un message de bienvenue et une invitation à goûter un bouillon végétal plein de finesse. Consommé comme une infusion, nous sommes conquis dès la première gorgée. La truite surmontée d’une feuille d’oseille et la croustade de poivron et sa bisque d’écrevisses prolongent dignement ce prélude gourmand.

Les tomates cerise parfumées à la rose rehaussées de lamelles d’oignons en provenance du jardin du chef sont une incitation toute en douceur à découvrir l’univers du chef. Une poésie végétale suivie d’un plat plus engagé autour du champignon avec une duxelle de champignons cuits, chicorée et praline de courge à la sauge. Lorsque la terre et les plantes ne font qu’un dans une harmonie de cuisson et de texture judicieuses.

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L’agneau d’alpage à la Pinte des Mossettes ©Edouard Amoiel

Cheveux d’ange

La truite du lac est à l’honneur en ce déjeuner dominical. Un met délicat accompagné de navets d’automne. Trois versions de l’agneau, de la ferme du Sapalet, en un seul plat : braisé et laqué, nappé d’une réduction de poireaux exceptionnelle. Une sauce corsée qui pourrait être la sauce de l’année ? Un morceau de poitrine d’agneau, confite pendant quatre heures, et enfin une boulette de kefta recouverte d’une feuille de capucine. Même si l’ensemble est d’un minimalisme déconcertant, le plat est une totale réussite. Après la fameuse salade de la Pinte des Mossettes, fraîchement cueillie dans le jardin, et les fromages régionaux, place aux desserts élaborés par le talentueux pâtissier Romain Caschera.

Les cheveux d’ange aux jus de Chasselas gélifié présentés avec une glace à la feuille de figuier sont un dessert aussi technique qu’élégant. Ancré dans son terroir, nullement influencé par la tendance de la cuisine moléculaire, le chef livre les mêmes instructions pour la partie sucrée : Simplicité, lisibilité et gourmandise. Les mirabelles du jardin et les reines-claudes conduites par une crème glacée au sarrasin viennent parachever un magnifique opus gastronomique en terre fribourgeoise. Sur sa colline verdoyante, Nicolas Darnauguilhem, libre et détaché du monde et de la foule, atteint une forme de paix intérieure qui lui va si bien. Belle route chef et à bientôt pour de nouvelles aventures…


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