Laurent Berney, l’homme de glace !

Caramel et Snoop Dogg

Une fois l’entretien fixé, nous débarquons au sein de son « labo », une sorte de petite usine encore agencée dans un esprit artisanal où la magie des glaces opère. Les turbines sont en action et confectionne lors de notre arrivée de la glace au caramel. L’inséparable binôme transalpin, Claudio et Luigi Bignotti, dispose le trésor glacé entremêlé de traits de caramel dans les bacs en inox prêt à être livré dans une des six boutiques genevoises de Gelatomania. Laurent Berney est introuvable. Mais nous l’entendons fredonner au loin l’air de Still D.R.E. de Snoop Dogg et Dr. Dre. Concentré, il termine la confection des croustillants de sésame noir associés à de la glace au thé matcha. Il termine, nous montons à l’étage… l’entretien peut commencer.

Laurent Berney est un homme heureux et épanoui de ce virage professionnel. Au fil des mois, il redécouvre les joies (et les défis) de la vie entrepreneuriale. « Confection, commercialisation, promotion, gestion … j’ai un rôle de supervision. Il y a deux univers dans le monde de la glace : la fabrication et la vente. Les deux doivent cohabiter au mieux afin de pérenniser notre activité ». Au sein de sa nouvelle profession, l’entrepreneur savoure la juste mesure entre le goût, le visuel, le service et le graphisme. Un savant mélange qui l’interpelle voire le fascine et l’entraîne à revoir sans cesse l’expérience client. « J’ai finalement toujours rêvé d’évoluer dans un univers food ».

Le climat : l’angoisse du glacier

« Comme toute personne pratiquant un métier en lien avec la météo, le temps demeure l’angoisse du glacier. Sur une saison qui débute le 15 mars et se termine au plus tard le 15 octobre mais bien souvent avant, il y aura forcément des jours où la pluie et le froid vont faire leur apparition ». Pour Laurent Berney, la journée idéale se situe entre 25 et 28 degrés, sans vent et avec un ensoleillement important. La météo détermine surtout la gestion de la masse salariale plus que le niveau de production. Afin de gérer au mieux les aléas climatiques, le patron observe tout changement jusqu’à une dizaine de fois par jour.

Pour quand une glace en hiver ? Comment faire évoluer les habitudes de consommation en lien étroit avec la saisonnalité ? Sous l’impulsion de son maître glacier et pâtissier, Claudio Bignotti, Laurent Berney décide pour la première fois de confectionner des bûches glacées en plein mois de décembre et de laisser la boutique de la place de Bourg-de-Four ouverte à cette période avec l’ensemble des parfums glacés disponibles. Une phase de test qui lui permettra d’observer les tendances de consommation en hiver. En proposant des parfums correspondant à la saison, il compte même rester ouvert toute l’année avec une glace au vin chaud et peut-être une autre en hommage au biscuit läekerli de notre enfance.

Développement à venir

Avec six boutiques dans des quartiers stratégiques de Genève, Laurent ne compte pas s’arrêter sur sa lancée. « Au-delà de l’arcade et de sa taille, l’emplacement d’une boutique est déterminant. Sans être pressé, je souhaite à moyen terme ouvrir deux nouvelles boutiques à Genève et potentiellement deux à Lausanne. S’agrandir oui mais avec cohérence et sans jamais sacrifier la qualité ». Une étape également déterminante dans l’évolution de sa société sera la refonte de son laboratoire afin de le rendre beaucoup plus interactif avec un public désireux d’être en immersion au sein de son entreprise.

L’univers de Gelatomania est un melting-pot de visuels et d’ambiances en liaison avec la vie et le parcours de son propriétaire Une atmosphère de « feel-good » immédiate qui rappelle un art de vivre californien où les mots « easy-going », « chill » et « vibes » – synonymes de bien-être, détente et « cool attitude » – prennent tout leur sens. Dans un monde sombre et compliqué, l’acte de la dégustation d’une glace est finalement une chance et un privilège en soi. Profitons-en avec innocence et légèreté !