La cuisine de partage: is sharing really “caring”?
Longtemps chasse gardée des mezzes orientaux, les plats à partager ont fait irruption sur la scène food et entamé leur prise de position progressive. Un statut culinaire loin du traditionnel menu entrée, plat et dessert, qui se trouve du coup ringardisé par cette approche de « sharing ». La situation économique actuelle chamboule les budgets, encourage peu à peu le partage et entraîne la baisse du fameux ticket moyen, sans que ce soit pour autant une exigence absolue. Une approche impossible à réglementer pour les restaurateurs et une façon de consommer difficile à imposer aux clients.
Style de consommation
Mais d’où vient cette mode qui bouscule la carte des restaurants les plus en vogue ? De Londres à Paris en passant par New-York, Zurich et même Genève, les portions ont diminué, se sont démultipliées pour mieux se partager. Les propositions de partage sont un nouveau style de consommation. Cette mode ne semble pas perdre de la vitesse et connaît même un engouement croissant chez une jeunesse encline à casser les codes gastronomiques préétablis.
Du point de vue du consommateur, cette approche ne peut qu’être intéressante. Tant au niveau du choix (permettant ainsi de ne plus avoir à trancher) qu’au niveau de la dégustation d’une quantité plus importante de plats tout en faisant attention à son porte-monnaie… et finalement aussi à sa ligne. Une approche plus libre et légère de la restauration qui permet de se laisser guider à travers un enchaînement de plats en fonction des envies de chacun. Malheureusement, certains convives abusent du concept et picorent sans réellement manger. Un partage excessif qui permet de passer un moment à table sans se ruiner et en toute liberté. De plus, quoi de mieux qu’une belle photo Instagram mettant en relief une ribambelle de plats colorés sur la table ?
Créations raffinées
Du côté des restaurants, le « sharing » actuel ne se limite plus à un simple houmous libanais ou à un tarama grec. Le niveau culinaire proposé par certains chefs s’est clairement (r)affiné et les créations gastronomiques sont des plus sophistiquées. D’un point de vue créatif, certains cuisiniers semblent même se libérer en proposant des plats aussi inventifs que techniques. Mais le pari en vaut-il la chandelle en ce qui concerne la valeur du couvert moyen ? Au même titre que le risque de la consommation sans vin existe, le restaurateur privilégiant le partage prend le risque supplémentaire de voir les commandes diminuer.
Il va de soi que chacun est encore libre de consommer ce que bon lui semble. Anticiper les dépenses d’un client lors de sa réservation est bien évidemment irréalisable et impensable (sauf pour des groupes de restauration aux pratiques malveillantes). Quel que soit le budget attribué le temps d’une soirée, ne suffit-il pas d’un peu de bon sens ? Et le « sharing would be caring »…
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