La belle et le flacon

Edouard Amoiel
17 février 2022
La cheffe Lucrèce Lacchio reprend les fourneaux du restaurant Le Flacon à Carouge. Un vent de jeunesse souffle de nouveau sur la cité sarde.
Il n’est pas toujours facile de succéder à des cuisiniers qui ont fait la réputation d’un restaurant. En décrochant une étoile au Guide Michelin, c’est Serge Labrosse qui le premier positionne le quartier de Carouge sur la scène gastronomique genevoise. Il transmet ensuite les rênes du Flacon à son second de l’époque, un certain Yoann Caloué (aujourd’hui installé au Café des Banques en plein travaux de rénovation) qui sera capitaine de vaisseau pendant une décennie. Aujourd’hui, c’est au tour de l’intrépide Lucrèce Lacchio de reprendre la barre de l’établissement. Un retour aux sources pour la cuisinière qui est en terrain de connaissance au 45 rue Vautier pour y avoir déjà travaillé pendant cinq ans.
© Edouard Amoiel
Esprit d’équipe
Changement de chef mais pas de décor ! Le plus bistrot des gastros genevois garde son esprit élégant. Même si quelques éléments de décoration ont discrètement pris place dans la salle du restaurant, dommage toutefois de n’avoir pas profité de ce mercato de chefs pour donner une nouvelle identité à cet établissement au potentiel indéniable. Rassurons-nous, la cuisine vitrée donnant sur la salle est toujours en place. A l’image de Thibault Bleuzet (ancien compagnon fidèle de Benjamin Breton au Bottle Brothers et au Fiskebar), de nouveaux visages pointent le bout de leurs tabliers aux côtés de la cheffe. En s’entourant de jeunes talents aux parcours divers et variés, Lucrèce Lacchio étoffe dignement ses rangs.
Alors que le maquereau mariné dans du sel façon gravlax et coloré au chalumeau ne manque pas de nous séduire, c’est l’œuf 63,2 degrés qui remporte tous les suffrages. Escorté d’une légère mousse de parmesan et de poireaux grillés, le plat est une séduisante entrée en matière. Cuit à basse température, le turbot et ses endives caramélisées et sa purée d’oignons sont efficacement contrebalancés par l’amertume de quelques feuilles de trévise. Avec son fumet de turbot rôti, lié avec du jus de viande et du vin rouge, le plat prend de la hauteur gustative. Les Saint-Jacques saisies à la plancha, translucides à cœur, purée de chou-fleur rôti et taboulé de chou-fleur, sont quant à elles assaisonnées d’un jus de veau et de gambas. Association ingénieuse !
© Edouard Amoiel
Retour gagnant
Le talent au féminin est bel et bien de retour à Carouge. Lucrèce Lacchio confirme son baptême de l’air sans trop de difficulté. La mise en place d’une première carte est une chose, la confirmer en est une autre. Aucun doute que pour les semaines à venir cette ingénieuse cuisinière aura bien d’autres tours dans ses casseroles.