Atteindre le sommet au restaurant Mountain
Vous savez depuis longtemps que j’ai une réelle passion pour les comptoirs car ils sont moins formels qu’une table classique et l’échange entre le personnel et les convives peut se faire en toute décontraction. Quelle chance, en entrant dans le restaurant, une place m’est attribuée juste en face d’une platine MK2 et d’une immense enceinte audio qui diffuse la musique du (seul) tube de Grace Jones « I’ve seen that face before (Libertango) ». Une place de choix qui me permet d’observer un service assuré par des jeunes tatoués, avec percing et coiffures ébouriffées (est-ce vraiment le retour de la coupe « Mulet » ?) qui galopent aux quatre coins d’un restaurant bondé. L’habit ne fait pas le moine. Professionnels jusqu’au bout des ongles, ils prennent un réel plaisir à conseiller, échanger et guider les clients dans une ambiance joviale et bon-enfant. Sans tomber dans le cliché des grandes enseignes multi-reproduites aux quatre coins du monde, Mountain émet des vibrations spéciales.

Une fête dans l’assiette
Une mégalopole comme Londres peut se targuer d’entretenir ce genre de pépite gastronomique. Avec une cuisine d’une grande simplicité mais néanmoins ultra travaillée, ce restaurant sur deux étages est une invitation au voyage et au partage en poussant les produits de la mer et de la terre à leur paroxysme. Tandis que l’on se délecte d’une soubressade sur un petit toast avec un trait de miel et d’un peu de straciatella surmontée d’un filet d’anchois sur du pain de campagne, les décibels grimpent. Attention, la fête se passe dans l’assiette et dans le verre, non pas sur les tables avec un personnel agitant des serviettes et tapant des mains comme pour chauffer une salle avant un mauvais concert.
On ne peut être plus heureux que moi, assis à ce comptoir, dans ce restaurant et en ce moment précis. Pour tout vous dire, je ne m’attendais pas à un tel niveau. Au moment où Bob Marley pousse la chansonnette de « Buffalo Soldier », une omelette fourrée d’un émietté de tourteau est déposée devant moi. Un véritable bijou culinaire à la structure parfaite. Après une délicate incision, le cœur encore coulant rend chaque bouchée délectable. Une prouesse gustative dont la facilité apparente cache la difficulté d’exécution. Quant à la pièce de bœuf tout en délicatesse, elle conserve son aspect brut dû à la cuisson à la braise.

Rêve nocturne
Une cuisine libre, une jeunesse désireuse de s’épanouir dans un univers professionnel difficile, autant de facteurs qui font que nous sortons du restaurant le cœur battant et l’esprit enjoué. Chapeau bas ! Nous arpentons les rues de la capitale anglaise dans la nuit déclinante et nous nous laissons porter par le rythme et les palpitations citadines. Mountain nous a charmés en tout point et nous tombons doucement dans les bras de Morphée des rêves encore plein la tête…
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