Palace sur Seine

Edouard Amoiel

28 décembre 2021

C’est l’ouverture parisienne la plus attendue de 2021, celle de l’hôtel Cheval Blanc Paris sur les quais de la Seine, pour la première fois en version urbaine.

Attendu depuis près de 10 ans, le Cheval Blanc Paris a finalement ouvert ses portes en septembre. Trônant fièrement aux côtés de l’emblématique magasin La Samaritaine, l’hôtel fait figure de nouvelle référence du luxe contemporain dans la capitale française. Après la station de ski huppée de Courchevel en 2006, les îles paradisiaques de Randheli aux Maldives et celles de Saint-Barth dans les Caraïbes en 2013 et 2014, et plus récemment l’incontournable village de Saint-Tropez dans le sud de la France en 2016, c’est au tour de la ville lumière d’abriter un nouveau joyau du groupe LVMH Hotel Management. Une première au cœur d’une mégalopole. Immersion dans les couloirs feutrés de la nouvelle coqueluche hôtelière parisienne.

© Alexandre Tabaste

Intérieur de collectionneur

Classé monument historique, le bâtiment a gardé son style purement art-déco. Le tandem d’architectes, Peter Marino et Édouard François, ont conservé l’aspect intemporel de l’édifice tout en adoptant un regard tourné vers l’avenir. Ils choisissent de concevoir les 16’000 m2 dans le même esprit qu’une maison particulière. « Nous souhaitions bâtir un univers plutôt qu’un décor ». Chaque œuvre, chaque toile, chaque meuble est choisi avec minutie. Des lithographies de Sonia Delauney, une toile du peintre Georges Mathieu, un mur en marqueterie de paille de Lison de Caunes, le garde-corps d’escalier créé par Claude Lalanne, chaque recoin est un hymne artistique.

L’hôtel est idéalement situé près du quartier du Marais, de l’île de la Cité et du musée du Louvre, au carrefour de la culture française dans toute sa splendeur : art, mode, musique, gastronomie… se trouvent à quelques pas. Une horde de valets et d’agents de sécurité accueillent les privilégiés possédant le sésame leur permettant de fouler le seuil de ce palace rutilant. Première halte, le pass sanitaire, une formalité devenue nécessaire afin de voyager en toute sécurité. Deuxième arrêt, le nom de la réservation, que ce soit pour un restaurant ou une chambre, il faut montrer patte blanche.

© Richard Haughton

Bienveillance sincère

Chacune des 72 chambres et suites ont toute une vue sur les toits du vieux Paris. Des écrins élégants où raffinement rime avec subtilité et luxe avec discrétion. Côté spa, c’est Dior, une des marques détenues par le groupe LVMH, qui prodigue ses bienfaits aux résidents de passage. Difficile de ne pas tomber sous le charme de la piscine décorée de mosaïques artisanales signées Michael Mayer dont la fresque virtuelle d’Oyoram est propice au rêve. Mais la quête de l’excellence atteint son paroxysme avec l’appartement de sept chambres sur un espace de 1’000 m2 situé au deux derniers étages, doté de sa propre piscine, d’un espace bien-être, d’une salle de projection, avec accès privé et parking sécurisé.

Toujours en altitude, se trouve une terrasse panoramique logeant deux espaces dédiés à la restauration avec vue sur les toits de la capitale : Le Tout-Paris, brasserie française follement parisienne et contemporaine, pour des instants complices autour d’une volaille fermière découpée en salle, des tête-à-tête amoureux pour le partage d’un Paris-Brest ou des rencontres festives accompagnées de délicieuxcocktails. Le restaurant Langosteria, hymne gourmand transalpin, où Enrico Buonocore, patron de l’incontournable établissement milanais du même nom, s’est associé pour la première fois hors de ses frontières afin d’offrir le meilleur de l’Italie. Un hommage à la mer, avec des créations chaudes ou froides, crues ou cuites, et des alternatives iodées.

Symphonie saucière

Le diamant culinaire est sans aucun doute le restaurant gastronomique orchestré par le chef Arnaud Donckele. Après avoir conquis le cœur des gourmets sur les bords du Golfe de Saint-Tropez, il séduit aujourd’hui sur les rives de la Seine. Le temps s’arrête, les sens s’affolent et la magie opère. Sa partition gastronomique est un véritable voyage céleste qui transcende, électrise, désarçonne, fait tourner la tête et chavirer le cœur. Quel honneur de pouvoir ressentir de telles émotions ! À la base, des bouillons, des vinaigrettes, des crèmes, des veloutés, des jus… Le chef triplement étoilé dans le sud se plonge dans l’art ancestral de la conservation, à la recherche de nouveaux parfums et bouquets qu’il associe aux produits du jour ; tel que son Velours numéro 1 dont le secret tient dans une savante composition de ventrèche de bonite, consommé de gambon, vinaigre de Lambrusco et de Chardonnay, miel de châtaignier et essence de cédrat, infusion de romarin, huile de têtes grillées et poivre de Java.

Dans cette aventure en apesanteur, Arnaud Donckele est accompagné du chef pâtissier Maxime Frédéric qui propose une sublime partition sucrée avec la composition satinée de 6 agrumes et 6 herbes douces et poivrées. Côté salle, c’est le talentueux Alexandre Larvoir qui dirige le bal d’une main de maître dans un gant de velours. Pour Arnaud Donckele, nul besoin de se mettre en avant, sa cuisine parle d’elle-même. Chaque bouchée procure une émotion difficile à décrire tant l’intensité culinaire est à son diapason. Comment fait-il ? Mystère. Sa cuisine est si pure, si belle, si élégante, si chargée en émotion, si humble, si sincère que les mots ne suffisent pas pour exprimer ce qu’on ressent. Est-ce que ce sont les sauces ? Sûrement. Les produits ? Certainement. Les cuissons ? Évidemment. Le talent ? Assurément. Et le travail ? Forcément… C’est aussi ça le Cheval Blanc !