Coin Coin, un canard surprise

Edouard Amoiel

13 mai 2024

Une nouvelle équipe a récemment investi la salle et la cuisine du bar restaurant Coin Coin. Lorsque jeunesse rime avec justesse.

L’intelligence artificielle a beau s’immiscer sournoisement dans nos vies, l’être humain fera toujours la différence. Qu’on le veuille ou non, impossible de le remplacer ! À cause du récent remaniement de son équipe, le bar restaurant Coin Coin, situé à l’angle de la rue des Bains et du Boulevard Carl-Vogt, en est le parfait exemple. En à peine quelques semaines, cet établissement à la recherche d’une identité s’est vu métamorphosé grâce à la compétence et le talent de nouveaux acteurs prêts à se retrousser les manches pour la noble cause de la restauration. Certes, tout n’est pas parfait mais le meilleur est à venir. Difficile de rester insensible devant cette liberté de créativité.

Coin Coin Cabillaud ©eamoiel
Cabillaud – coco Borlotti – soubressade © Edouard Amoiel

L’air du temps

Sur la carte des vins, la tendance est aux vins natures ; c’est dans l’air du temps. La carte des mets est en mode partage ; c’est dans l’air du temps. Le service est décontracté et bienveillant ; heureusement que c’est dans l’air du temps. Pas besoin de gants blancs ni de couverts en cristal pour se distinguer. Depuis toutes ces années, Pierre Lelièvre l’a bien compris. Cet ancien maître de salle ayant officié, entre autres, à la Pinte des Mossettes, au Fiske Bar ou plus récemment à l’Auberge de Lucinges, connaît aussi bien les subtilités d’un restaurant gastronomique que les codes d’un bistrot. Quelle joie de le retrouver en terre genevoise transmettant ses connaissances et son savoir.

Pour que la mayonnaise de la restauration prenne, un talent ne va généralement pas sans un autre. Du côté des fourneaux, c’est le jeune Valentin Pouzet qui élabore une première carte promise à un avenir culinaire rayonnant. Le pâté grand-mère est délicieux. On voit que le chef a fait ses classes chez le charcutier Verot à Paris. Escorté de poutargue et ciboulette, le carpaccio de sériole est servi dans toute sa simplicité… dénudé de tout artifice. Le chef est passé par les fourneaux de Sylvain Roucayrol, maître de la sphère marine officiant au fameux Tuba Club à Marseille. Tandis que le boudin noir caramélisé est accompagné d’une purée de céleri onctueuse et d’un céleri rémoulade légèrement croquant, le cabillaud, quant à lui, est parfaitement nacré à cœur et se prélasse sur des haricots coco borlotti.

Coin Coin Dessert ©eamoiel
Tarte caramel et crème montée tonka © Edouard Amoiel

Tarte Caramel

En succombant à la tentation diabolique de la tarte caramel, l’admiration que m’inspire la profession est décuplée. C’est une joie de constater une nouvelle fois que ce sont les femmes et les hommes qui dédient leur vie à ce métier en manque de repère qui font toute la différence. Certains jeunes forcent le respect en refusant de baisser les bras devant les difficultés d’une profession souvent décriée. Il se passe quelque chose de fort, humainement et culinairement parlant, au restaurant Coin Coin. Un seul souhait… pourvu que cela dure le plus longtemps possible. En tout cas, merci !