La Colombe d’Or : véritable rêve provençal

Edouard Amoiel

17 août 2024

À l’abri des regards et des curieux, la Colombe d’Or est un refuge et un havre de paix gastronomique au cœur du village de Saint-Paul-de-Vence.

Les nappes blanches sont impeccablement dressées. Les lampes à essence d’époque brillent déjà de mille feux. Le personnel de salle s’affaire en amont pour le service du soir. La chaleur accablante rend le métier encore plus éprouvant pour ces travailleurs qui méritent plus que jamais notre respect. Réservée des mois à l’avance, une table à la Colombe d’Or se mérite et s’apprécie à chaque instant. Comble de l’expérience : nous disposons d’une table pour deux, assis côte à côte, avec vue sur le restaurant. Nous y sommes, prenons place, contemplons, dégustons tandis qu’il nous revient en mémoire l’époque où Simone Signoret et Yves Montand avaient leurs habitues installés à la célèbre « table une ».

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Bouquet de crevettes à la Colombe d’Or ©Edouard Amoiel

Crudités et Picasso

Nous profitons de l’instant. Un verre de chardonnay plus tard, nous suivons le rythme des convives traversant le restaurant en direction du bar, de l’hôtel, de la piscine ou d’une table et nous nous laissons bercer par le sentiment illusoire d’être hors du temps. Les minutes passent, il faut choisir. Nous sommes séduits par les intitulés des mets sur la carte ; à l’inverse de ce qui se fait dans le monde de la restauration moderne, la Colombe d’Or entretient son héritage gastronomique avec intelligence et passion. Entre les hors-d’œuvre et le fameux Panier de Crudités de la Colombe d’Or, notre choix se porte sur un bouquet de crevettes et un melon jambon.

Au détour d’un couloir ou d’un salon, le regard se pose sur quelques tableaux de Braque, Matisse, Léger ou Picasso… tous d’anciens pensionnaires dont les œuvres d’art tapissent les murs conférant à cette célèbre pension de famille un supplément d’âme qui nous transcende et nous rappelle que le beau est universel. Les poissons sont à l’honneur avec un loup de mer poché et sa sauce mousseline rivalisant avec un rouget sauce meunière. Mais la palme est remportée par un merveilleux turbot, sans ornements, tout simplement accompagné d’un beurre blanc ensorcelant et d’une pomme de terre à la vapeur. Un vrai bonheur.

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Turbot Maraîchère de la Colombe d’Or ©Edouard Amoiel

Tenue de soirée exigée

Cette soirée, en total décalage avec les tendances gastronomiques environnantes, marque les esprits. La Colombe d’Or nous réconcilie avec une Provence qui nous enchante et nous envoûte par son énergie humaine et sensorielle débordante, refusant de céder au chant des sirènes de la globalisation culinaire. Seul bémol à ce tableau enjoué : les tenues de plage et le manque d’élégance de certains convives qui franchissent le seuil de ce temple de l’art ! Car une forme de respect pour le lieu, pour les membres du personnel qui supportent la même chaleur et qui pratiquent leur métier en costume-cravate, aurait été du meilleur goût. Le monde extérieur parvient à nous rattraper même dans l’épicentre du bon et du beau…


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