Discret Nagomi

Edouard Amoiel

06 novembre 2023

Ce temple discret dédié à la gastronomie japonaise continue de rester une référence en matière de gourmandise en provenance du pays du soleil levant.

C’est seulement lorsque l’on fait coulisser la porte en bois de l’entrée que l’on prend conscience du calme qui règne dans la minuscule salle du restaurant japonais Nagomi. Un paradoxe sonore alors que l’on se trouve dans le bouillonnant quartier des Pâquis. C’est d’un hochement de tête respectueux que l’on salue Masahiko Numabukuro, le maître des lieux déjà en pleine concentration, qui détourne furtivement son attention pour nous saluer poliment en retour. Tels des écoliers disciplinés, nous prenons place au comptoir permettant d’admirer la dextérité de ce chef réservé qui perpétue avec excellence la tradition culinaire japonaise. Moment solennel lors de la dégustation des premières larmes de saké Dassai 23 Junmai Daiginjo. Le ballet gastronomique peut commencer.

Nagomi Chef ©eamoiel Copie
Chef Masahiko Numbukuro © EAmoiel

Hors du temps

Derrière le minuscule comptoir, Masahiko Numbukuro tranche un thon gras en sashimi, assemble un nigiri de Saint-Jacques, grille une brochette de poulet teriyaki, laque une anguille à la sauce miso et j’en passe. Le tout en silence et dans le calme total. Sans jamais montrer un signe de faiblesse, ce guerrier aux couteaux bien aiguisés régale ses convives venus s’attabler dans ce lieu quasi spirituel. Alors que le monde semble ne plus tenir debout, venir chez Nagomi favorise le recueillement. Loin de l’agitation extérieure, ce restaurant protège, réconforte et apaise… en tout cas le temps d’un repas. 

Ressemblant en tout point à un comptoir japonais typique, l’espace est loin de correspondre au style cossu et légèrement pompeux adopté par certains autres restaurants japonais. Ici pas de décoration ostentatoire ni de musique de fond rythmée sur de décevantes reprises de chansons classiques (dont les versions originales sont pourtant si entraînantes). Un retour à la simplicité où la gastronomie prime sur la décoration. Côté cuisine, on se laisse séduire par des sushis exécutés dans les règles de l’art, où la fraîcheur du poisson joue la symbiose avec la cuisson du riz. Le respect des traditions et le savoir-faire sont toujours bien là.

Nagomi Anguille ©eamoiel

Service valeureux

Avec Alexander Bassanini aux commandes de la salle, Nagomi reste plus que jamais le repère des gourmets. Seul pour s’occuper de toute la salle, il est en toutes circonstances le personnage souriant et efficace qui emmène les clients jusque dans les lointaines contrées gastronomiques du pays du soleil levant.