Chalet du bonheur

Edouard Amoiel
16 août 2023
Le Grand Chalet est un havre de paix surplombant le village de Gstaad. En son cœur, le restaurant La Bagatelle charme ses convives à chaque coup de fourchette.
Quelle joie de fouler à nouveau le seuil du Grand Chalet ! Quelle joie de voir cet hôtel discret évoluer subtilement au fil du temps ! Quelle joie de ne pas voir une tomate mozzarella ni un avocat sur toast parader sur la carte des mets ! Quelle joie de toujours voir une équipe fidèle, bienveillante et professionnelle qui continue de porter cet établissement au firmament ! Quelle joie de toujours déguster une cuisine élégante aux cuissons maitrisées et aux sauces crémeuses et bien réduites !

Charme coquet
Alors que le monde de la gastronomie suit les modes, le Grand Chalet semble se préserver derrière une sorte de muraille gastronomique, savamment à l’abri de tendances polluantes. Loin de se considérer comme supérieure ou dominante, la table de ce charmant hôtel s’est forgé une solide réputation au sein de la communauté des Bacchus régionaux et bien au-delà. À la barre du restaurant La Bagatelle, le chef Steve Willié y est forcément pour quelque chose. Loin d’être le genre de cuisinier qui profite de la renommée du restaurant pour construire sa propre notoriété, sa réputation ainsi que celle des lieux n’est plus à faire. Si la cuisine brille par son humilité et son efficacité, l’équipe de salle n’est de loin pas en reste et contribue allègrement au succès du lieu. Une osmose humaine essentielle au bon fonctionnement de cet établissement coquet.

La carte tout entière est une invitation gastronomique classique, aux produits locaux et bien évidemment de saison. Une côte de veau charolais et son jus réduit aux échalotes jouent des coudes avec un émincé à la zurichoise et ses röstis croustillants. Difficile d’être plus gourmand. Alors que pendant quelques jours, une forte pluie s’est abattue dans la région, d’excellents bolets du Pays-d’en-Haut pointent le bout de leur chapeau pour notre plus grand bonheur. Préparés tout simplement en cassolettes légèrement sautés à la Provençale, ils sont un régal automnal en avance que le chef nous permet de déguster. Difficile également de résister aux incontournables ravioles de queue de bœuf et ris de veau aux champignons du moment ou au loup de mer en croûte façon Louis Outhier et sa superbe sauce choron.
Chapeau bas
L’apaisement est de mise lorsque l’on déguste la cuisine du Grand Chalet. L’apaisement de savoir que la cuisine traditionnelle fait plus que jamais vibrer les cœurs et ravit les palais. L’apaisement de sentir que cette vibration culinaire fait toujours partie d’une actualité gourmande. Il n’y a rien de pire que tomber dans l’immobilisme – prisonnier dans sa tour d’ivoire – ou changer sa trajectoire afin de suivre les mouvements de masse. Pour notre plus grand bonheur, le Grand Chalet parvient à rester droit dans sa toque et en phase avec son temps. Chapeau bas !