Valentin Pouzet : personnalité réservée, cuisine assumée !

Edouard Amoiel

06 janvier 2025

En à peine quelques mois, le chef du restaurant et bar Coin Coin, Valentin Pouzet, s’est fait un nom au sein de la sphère culinaire genevoise. Il était temps de faire son (jeune) portrait.

La bise s’est levée en ce froid matin d’hiver auquel Genève nous a habitués et nous retrouvons Valentin Pouzet autour d’un double espresso. Peu accoutumé à l’exercice de l’interview, le nouveau visage des fourneaux du restaurant et bar Coin Coin ne semble pas très à l’aise pour parler de sa vie en préambule de notre échange. Et pourtant… avec une certaine retenue et une belle dose de timidité, au fil de notre discussion, il se prête néanmoins au jeu. Entre Paris, Londres et Genève, faisons connaissance avec ce nouveau talent qui fait frémir les casseroles au coin du boulevard Carl-Vogt et de la rue des Bains.

De la campagne à la Ville Lumière

Il se passe quelque chose de beau au restaurant Coin Coin depuis l’arrivée de Pierre Lelièvre aux côtés de Marion Léger et Aurélien Ellies. Du côté des fourneaux, le jeune chef Valentin Pouzet, quant à lui, dénote par sa cuisine entremêlée d’élégantes créations autour de la cochonnaille et des produits de la mer. Petit-fils d’agriculteur, il se remémore les moments passés autour de la table dominicale. Peu assidu sur les bancs d’école, il opte pour l’apprentissage. « Je n’aimais pas l’école et il me fallait un environnement dynamique, enrichissant et varié. D’une certaine manière, la cuisine m’a permis de me canaliser ».

C’est le métier de charcutier-traiteur qui l’attire tout d’abord. Impossible pour lui d’oublier son premier jour en tant que jeune apprenti où il porte la carcasse d’un cochon jusqu’à son plan de travail pour la découper… à l’âge de 15 ans. Il découvre un métier qui le plonge dans une multitude d’activités travaillant autant les viandes, les légumes, la pâtisserie (pour les feuilletages) que les poissons. Son brevet d’apprentissage en poche, il poursuit dans cette voie en rejoignant la prestigieuse maison parisienne Verot, Charcutiers & Traiteurs, où le jeune Valentin est comme un poisson dans l’eau !

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Valentin Pouzet dans les cuisines de Coin Coin © PAW Studio Créatif

Rencontres déterminantes

Après trois ans de bons et loyaux services, il décide de traverser la Manche afin de découvrir le monde de l’hôtellerie tout en renforçant ses bases linguistiques. Il est engagé au Mandarin Oriental avant de céder au chant de La Compagnie des Vins Surnaturels, une adresse gastronomique en vogue du groupe Experimental, alors en plein début de sa fulgurante ascension. Il rencontre le chef Sylvain Roucayrol (actuellement au Tuba Club à Marseille) qu’il ne quittera plus pendant toute sa période londonienne et qui lui propose de gérer conjointement les cuisines de l’hôtel Henrietta à Covent Garden. Un challenge de taille que Valentin ne souhaite pas laisser passer. « Sylvain m’a fait grandir en tant que cuisinier et m’a poussé dans mes retranchements culinaires ».

La crise sanitaire balaie le monde de son virus et compromet les projets de carrière de Valentin sur le sol anglais. Il prend un temps de réflexion au sein de sa famille et intègre la brigade du chef Andres Arocena au restaurant La Micheline. Le fait d’être au sein d’une équipe désireuse de marquer Genève de son empreinte le fait revivre. Il travaille d’arrache-pied et apprend les codes de la haute gastronomie. « Au même titre que les associations osées terre-mer, j’ai vraiment découvert la notion de produit et des cuissons. Cette période à La Micheline m’a également montré ce que représente une réelle cohésion d’équipe. Sans cette unité fédératrice, rien ne peut fonctionner ».

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Carpaccio de Saint-Jacques / Kumquat / pignons de pins © PAW Studio Créatif

Belle histoire

Les distinctions pleuvent au-dessus du ciel de La Micheline mais Valentin Pouzet est en quête d’indépendance et de liberté. Tout est à faire chez Coin Coin et repartir d’une feuille blanche est une aubaine pour le cuisinier. Plats réconfortants, coquins, en sauce, autour du partage et de la gourmandise sont les mots d’ordre de ce qu’il souhaite mettre en avant. Laissons-nous séduire par un mille-feuille de pomme de terre, tartare de veau et anguille fumée avant de succomber au ragoût de calamar et riz croustillant, lotte et sa rouille. Plein d’humilité, Valentin ne sort que très rarement en salle et reste des plus réservés. Si vous êtes de passage, n’hésitez pas à demander le chef… vous rencontrerez un homme charmant qui n’en est qu’au balbutiement d’une belle histoire….