Directeur alpin

Edouard Amoiel

22 février 2023

Personnage discret de l’hôtel Alpina à Gstaad, le directeur Tim Weiland revient sur son parcours, les challenges actuels et l’avenir d’un des fleurons de la haute hôtellerie helvétique.

C’est en empruntant le chemin creusé dans la roche menant vers la réception de l’hôtel que l’on prend conscience de l’ampleur pharaonique des travaux entrepris pour ériger l’Alpina Gstaad. Alors que des Tesla blanches aux portes papillon accompagnent les convives tout en douceur vers leur destination, pénétrons dans l’établissement rapidement devenu une référence dans le domaine de l’hôtellerie suisse et du luxe moderne. Tim Weiland est, depuis quatre ans, le gardien de ce palace privilégié aux 56 clés, niché dans le sacro-saint quartier de l’Oberbort au-dessus de la célèbre station de ski bernoise. Rencontre avec un professionnel de l’hôtellerie de luxe qui cultive l’excellence en ayant la notion de service dans la tête et la passion dans le cœur. 

© Alpina Gstaad

Au service de la diplomatie

C’est toujours avec le même dévouement que le directeur reçoit chacun des clients passant le seuil de l’imposante entrée de l’hôtel. Tradition oblige ! Aucune obligation de la part de cet ancien étudiant de la prestigieuse École Hôtelière de Lausanne, qui grandit entre Haïti, le Kenya et l’Afrique du Sud, mais plutôt un sens de l’hospitalité enjoué que seuls les standards suisses sont encore susceptibles de fournir. Dès sa plus tendre enfance, le jeune Tim acquiert le sens de l’hospitalité. Grâce à la vie professionnelle de ses parents et notamment son père, pleinement investi dans l’aide humanitaire à Nairobi entre autres, il est élevé dans un esprit de rassemblement et de partage en participant à de nombreuses réceptions. « Sans vraiment le comprendre, c’est dans cet environnement multiculturel que je me suis imprégné de mes premières notions de service. Ma famille était au service de la diplomatie et j’ai grandi dans la différence ». 

C’est ainsi que tout naturellement il se dirige vers l’hôtellerie. Diplôme en poche, il prend le large, direction Les Maldives. Après deux ans dans les archipels, le jeune hôtelier pose ses valises à Marrakech, au Rajasthan avant de poursuivre son expérience à Pékin. « Je suis passé d’un village de 600 habitants à une mégalopole de plus de 20 millions d’habitants. Même si la Chine n’était pas mon premier choix, j’étais à cette époque en train de construire ma carrière ». Il quitte la capitale asiatique pour les hauteurs alpines de la station de ski huppée de Courchevel. C’est le grand saut vers un microcosme de luxe dans une approche de l’hôtellerie saisonnière. Tim Weiland restera quatre ans en Haute-Savoie avant de rejoindre les sommets de l’Oberland bernois. L’aventure Alpina débute en 2018. 

Suite ©Alpina Gstaad

Équilibre salarial

Dès son arrivée, il est rapidement surpris par la vie de village à Gstaad durant l’entre saison. « C’est une région qui possède une identité, qui est plus animée que ce que l’on peut penser. Gstaad est un melting-pot culturel entre une clientèle internationale et des citoyens discrets ». Il reprend la direction de l’hôtel avec l’objectif de maintenir les standards d’excellence d’un palace tout en rajeunissant les codes de service. Avec une crise de l’emploi, l’image de l’hôtel est-elle encore suffisamment forte pour attirer les jeunes talents de demain ? « Même si les curriculum vitae restent qualitatifs, nous en recevons néanmoins beaucoup moins. En revanche, ceux qui décident de nous rejoindre restent plus longtemps qu’auparavant ». Alors que la tendance générale est à la réduction des coûts, la politique de l’Alpina est d’accroître sa masse salariale afin de maintenir une notion de service optimale. « C’est toute une question d’équilibre. A nous de stimuler nos employés afin de pouvoir les garder » précise-t-il.

Pour ce professionnel du secteur, l’hôtellerie suisse reste ce qu’il y a de mieux en la matière. « L’hôtellerie suisse a su évoluer avec son temps. Avec la venue de jeunes directeurs et directrices, il y a une réelle remise en question. Selon moi, elle est tout simplement unique. » Difficile de parler de l’Alpina Gstaad sans évoquer son implication au niveau du développement durable tant son engagement est indéniable. Distinction sur le gâteau, l’hôtel a reçu la très convoitée Gold certification par EarthCheck, devenant ainsi la première entreprise en Suisse à se voir récompensée par le groupe spécialisé en analyse comparative, certification et conseils scientifiques dans le domaine du voyage et du tourisme. Lorsque approche holistique rime avec durabilité, c’est cela même le luxe d’aujourd’hui…