Café Zinette, copains comme patrons !

Edouard Amoiel
11 mars 2025
Olivier Fioux et Matthieu Mayor ont repris le Café Zinette en 1999. Une éternité pour certains, un battement de cils pour ce duo qui continue d’entretenir la flamme gastronomique du lieu comme au premier jour.
Le Café Zinette est une auberge communale typique où il fait bon vivre et où l’agitation du monde qui nous entoure semble s’arrêter à la porte d’entrée. Un zinc et quelques tables accueillent les convives désireux de s’encanailler autour d’une cuisine bistrotière de saison et d’une large sélection de vins nature. Les patrons sont là, prêt à nous faire partager leur vie, leur parcours et leurs anecdotes. Au premier abord, Olivier et Matthieu ne semblent pas vraiment à l’aise avec l’exercice journalistique. Mais plus le temps passe lors de notre entretien et plus ils ouvrent leur cœur avec bienveillance et respect. Bien que réservés (en tout cas avec moi), ces deux compères nous content avec bonheur leur histoire qui s’entremêle d’une cuillère de hasard, d’une pincée d’insouciance et d’une belle dose d’amitié.
Festival de Montreux
Ce sont les souvenirs d’une grand-mère et d’une mère autour de moments de partage qui bercent l’enfance de Matthieu Mayor. Issu d’une famille d’origine lyonnaise, Olivier Fioux quant à lui, se remémore (sans plaisir) la dégustation de rognons relevés d’une sauce à l’estragon. « Je me rappelle prendre plus de plaisir à imbiber un morceau de pain dans cette sauce que de manger ces abats, heureusement qu’il y avait aussi une pintade » plaisante-t-il. Pour les deux, c’est le côté fédérateur et rassembleur qui anime l’enfance de ces futurs restaurateurs. Purs produits genevois, ils grandissent dans notre belle cité de Calvin sans encore se connaître. L’un poursuit des Hautes Études Sociales et l’autre des études aux Beaux-Arts. Sans savoir pourquoi, ils sont persuadés qu’ils ouvriront un jour un restaurant. Le destin a dû les entendre, il ne leur manquait plus qu’à se rencontrer.

En parallèle de leur vie académique, Matthieu travaille au Festival de la Bâtie et découvre le côté festif du monde de la nuit. Un environnement qu’il affectionne, le fascine et l’amène à collaborer au sein du Festival de Jazz de Montreux. Même si les deux associés se fréquentent à Genève, c’est en 1990 sur la Riviera vaudoise qu’ils apprennent à se connaître en servant des boissons derrière un bar. « J’avais demandé à Olivier de venir me donner un coup de main pendant le festival. Nous pouvons dire que notre histoire a réellement commencé derrière un comptoir » relate Matthieu. Ils continuent à bourlinguer chacun de leur côté jusqu’à ce qu’Olivier tombe sur l’arcade du Café Zinette qui était à remettre. Coup de foudre immédiat pour un lieu aussi original que charmant et le jeune homme de 28 ans pose immédiatement sa candidature. Le projet est accepté… mais tout est à faire. 48 heures après la signature, il propose à Matthieu de se joindre à l’aventure.
Passion pour les vins nature
A cette époque, les deux associés se côtoient mais ne sont pas (encore) des amis proches. « Aussi bien pour le restaurant que pour notre relation, tout était à construire » se remémore Olivier. Sans encore être fixé sur la direction gastronomique à prendre, le tandem entreprend néanmoins de petits travaux afin de rafraîchir le lieu qui en avait bien besoin. Les portes s’ouvrent en 1999 et le succès est immédiatement au rendez-vous. Aux côtés de la cuisinière de l’époque, ils élaborent une petite carte de mets composée de cinq entrées, cinq plats et cinq desserts. Une optique culinaire avant-gardiste en comparaison avec les institutions genevoises de l’époque et de leurs cartes aux nombreux intitulés à rallonge.

Du côté de la vigne, Matthieu et Olivier s’orientent dès l’ouverture vers les vins nature. Comme Renald Kocher dans son antre viticole Chez Marius, ils sont les premiers à proposer des flacons en biodynamie à Genève. Avec l’aide d’un autre précurseur en la matière, Emmanuel Heydens, fondateur du Passeur de Vin, ils débutent en proposant quatre références pour atteindre à ce jour des centaines d’étiquettes. Et le temps passe, les modes changent et le Café Zinette reste droit dans ses bottes sur les hauteurs de Lancy. « Nous aimons que tout se passe pour le mieux ; pour le personnel, pour les convives et à la fin du compte pour nous deux. Afin de participer à leur épanouissement au quotidien, il est important de donner du temps à nos collaborateurs » précise Matthieu.
Il fait bon vivre…
Les deux amis n’ont pas pour objectif de se prendre la tête. Respectueux de la vie d’autrui, ils n’ont jamais souhaité subir la pression de leur établissement et ont préféré s’autoriser à vivre. « Le comptable qui nous accompagnait au début de l’aventure, nous avait dit que nous ne tiendrions pas deux ans » se remémorent-ils. Vingt-cinq ans ont passé ; Olivier et Matthieu sont toujours là. Il fait bon vivre au Café Zinette.