Andrea Scherz : la force tranquille du Palace

Edouard Amoiel

03 mars 2024

Alors que la saison d’hiver touche à sa fin, le propriétaire et directeur général du Palace à Gstaad, Andrea Scherz, dresse un bilan plus que satisfaisant.

Immuable, indétrônable, majestueux… les qualificatifs abondent lorsqu’on grimpe la route sinueuse qui mène vers le Palace surplombant le village de Gstaad. Tel un château trônant fièrement au-dessus de la célèbre station de l’Oberland bernois, cet ambassadeur hôtelier typiquement helvétique traverse les modes et les tendances avec panache et élégance. Personnage discret à bien des égards, Andrea Scherz, le propriétaire des lieux, est le garant des traditions tout en étant ouvert au monde extérieur qui avance à toute allure. De l’impact climatique à la géopolitique en passant par les bouleversements sociaux-économiques, cet hôtel hors du commun défie les lois du temps. Tour d’horizon.

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Cœur hôtelier

C’est au lobby de l’hôtel que nous retrouvons Andrea Scherz autour de deux verres de « Château Palace »… une expression cocasse utilisée par le propriétaire des lieux pour désigner l’eau du robinet. Dès sa plus tendre enfance, le jeune Andrea grandit dans une atmosphère de strass et de paillettes sans pour autant sentir un désir d’appartenance. Il apprend au quotidien les codes et la notion d’excellence en matière de service qu’il continue à faire perdurer avec ses équipes. Prédestiné à être le commandant de bord, il n’a néanmoins jamais subi de pression, ni été obligé de reprendre ce joyau de l’hôtellerie helvétique. « Mon cœur a toujours été dans cet hôtel. La passion anime mon quotidien et je suis très fier d’être encore un hôtelier indépendant ».

Alors que les montagnes avoisinantes du Wispile et de Wasserngrat prennent déjà les couleurs du printemps, les réservations sont toujours au beau fixe. « Nous avons quelques annulations pour le mois de mars mais rien de trop préoccupant du côté hôtelier. Depuis la pandémie, nous avons énormément de nouveaux clients » révèle-t-il. De l’Asie à l’Amérique du Sud en passant par certains pays européens, une nouvelle clientèle désireuse de grands voyages, de découvertes et de nouveautés foule les marches du palace pour la première fois. Selon les prévisions anticipées, le millésime 2024 pourrait être 10 % supérieur à l’année record de 2023. « C’est paradoxal de dépasser les attentes dans une période avec de tels bouleversements mondiaux.  Nous en sommes conscients et faisons en sorte de toujours garder la tête sur les épaules ».

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Renouvellement constant

Pour Andrea Scherzj, ce n’est pas l’heure de se reposer sur ses lauriers car il sait qu’il doit constamment investir dans son établissement. Terrasse, piscine, spa, restaurants, chambres… des changements s’opèrent régulièrement sans que les convives ne s’en aperçoivent. « Nous effectuons des transformations discrètes qui se fondent souvent dans le décor. Il est de notre devoir de constamment rester au goût du jour tout en gardant notre propre identité. Nous changeons sans changer ». Tel un tatouage indélébile, la notion de famille est une marque de fabrique savamment entretenue par le clan Scherz depuis trois générations. Alors que les groupes hôteliers s’étendent aux quatre coins de la planète, cette approche indépendante et identitaire de l’hôtellerie est clairement en voie de disparition. L’avenir du Palace est entre de bonnes mains…