L’Experimental Group: du cocktail à l’hôtel

Edouard Amoiel

16 janvier 2024

Le groupe Experimental continue son impressionnante ascension dans le monde de l’hôtellerie et de la restauration. Portrait d’un de ses fondateurs, Olivier Bon, pour qui Genève est une prochaine destination à surveiller de très près.

Le rendez-vous était prévu à Genève. Calendrier oblige, il aura lieu à Paris. Je rencontre le fondateur du groupe Experimental au bar de l’Hôtel des Grands Boulevards, une de ses demeures parisiennes de cœur. Finalement, c’est même mieux, puisque je me trouve au sein même d’un établissement qui caractérise en tout point la vision hôtelière de ce groupe hors norme. Olivier Bon est légèrement en retard mais il s’excuse de ce contretemps par un message ponctuel. Difficile de lui en vouloir, la faute incombe en grande partie aux travaux de la ville, véritable chantier à ciel ouvert. Ce qui nous donne le loisir de dénigrer la politique d’Anne Hidalgo, en prélude à notre discussion. Une thérapie efficace contre la frustration extrême liée aux décisions absurdes de la mairie de Paris en matière d’urbanisme. Un café filtre pour Olivier Bon et une goutte de double espresso plus tard, revenons sur le parcours de cet entrepreneur discret qui, aux côtés de ses amis d’enfance, ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.


Chambre Experimental Verbier

Cocktail « new wave »

Qui aurait pu penser, il y a une quinzaine d’années de cela, que le groupe Experimental serait à la tête d’une dizaine d’hôtels, et de restaurants et bars à travers toute l’Europe ainsi qu’à New York. Des Cotswolds en Angleterre en passant par Biarritz sur la côte Basque ou encore Rome et Verbier, l’histoire du groupe est un véritable conte de fées moderne alors que le secteur de l’hôtellerie est en pleine crise sur le fond et la forme de ses pratiques. Tout commence en 2007 avec l’Experimental Cocktail Club, premier bar à cocktail de Paris à mettre la mixologie sous le feu des projecteurs. Dans une ambiance feutrée et ultra tamisée, le succès est au rendez-vous. « Dès le début de notre aventure, nous étions passionnés par les États-Unis qui avait un temps d’avance en matière de cocktails. A l’époque, (virgule)le seul endroit où l’on pouvait déguster un bon cocktail était dans un palace… et encore » se remémore Olivier Bon sur le ton de la plaisanterie. Le cocktail « new wave » à la française voit ainsi le jour.

Malgré un succès immédiat, les débuts sont difficiles. Un brin provocateur dans son approche pour démocratiser le cocktail, Olivier Bon officie en tant que barman. Il sert, crée, mélange et échange avec une clientèle passionnée. « Nous sommes rapidement devenus l’école des bartenders ». L’engouement est tel que les trois amis ouvrent trois autres ateliers cocktail à Paris en l’espace de trois ans. En 2011, le groupe traverse la Manche afin de lancer un Experimental Cocktail Club à Londres. La touche française fait fureur chez les sujets de sa Majesté. Toujours dans une optique de développement autour des boissons, l’équipe crée La Compagnie des Vins Surnaturels offrant aux connaisseurs plus de 500 références viticoles dans une ambiance détendue. « A cette époque, le seul moyen de déguster de tels vins au verre était de s’attabler dans un restaurant gastronomique. Nous souhaitions rendre la démarche plus accessible ». New York leur tend les bras et c’est au cœur de Manhattan qu’ils ouvrent leur concept viticole.

Experimentalbeach Restaurant©mrtripper 4

Sous le soleil d’Ibiza

Retour vers Paris où l’attrait de la restauration se fait sentir. Olivier Bon et ses amis relèvent le défi et imaginent un établissement proposant le meilleur choix de viande maturée. C’est la naissance du Beef Club sur le modèle du Steakhouse américain. Vient le moment de la réflexion. Quel chemin faut-il prendre ? Continuer à s’agrandir ? Si oui, de quelle manière ? Fort de sa réussite, le trio n’hésite pas une seconde en reprenant une plage à Ibiza. L’empire Experimental s’agrandit sous le soleil des Baléares avec l’Experimental Beach Ibiza. C’est alors que le choix du secteur hôtelier va propulser le groupe dans une autre dimension.

Toujours avec le flair qui les caractérise et forts d’une solide expérience dans le secteur, les cofondateurs du groupe sont en quête de leur premier joyau hôtelier. Ils jettent leur dévolu sur le Grand Pigalle, un hôtel insalubre de 37 chambres, et parviennent à construire une base et assurer au groupe un avenir prometteur. « En un seul projet, nous avons appris tous les rouages de l’hôtellerie. Dès le début, nous avons fait en sorte de créer une atmosphère qui s’éloignerait le plus possible de ce qui se faisait traditionnellement sur le marché » se remémore Olivier Bon. Literie ultra confortable, salles de bain aux matériaux soignés, décor intimiste… tout est mis en œuvre pour que les clients se sentent bien, tout en étant loin de chez eux.

Depuis cette première expérience et à la suite d’une récente levée de fonds, ils enchaînent les ouvertures aux quatre coins de l’Europe. Où s’arrêtera cette fulgurante ascension ? Olivier Bon me glisse à l’oreille avoir un possible intérêt pour Genève. L’Experimental Geneva… ça sonne bien quand même ! Qui sait…