Une villa méditerranéenne

Edouard Amoiel

13 juillet 2024

La Villa Madie, un hommage gastronomique discret au savoir-faire provençal et à la magie des fonds méditerranéens.

La Villa Madie est en effervescence en ce début de période estivale. De la cuisine à la salle, c’est toute une équipe qui s’affaire et se prépare à affronter la frénésie d’un été qui s’annonce des plus éprouvants. Avec son exceptionnelle terrasse surplombant le bleu d’une Méditerranée agitée par un mistral persistant, le lieu est d’une rare beauté et confirme que le sud de la France a atteint les étoiles de la haute gastronomie française. La Villa Madie est l’histoire d’un couple, Marielle et Dimitri Droisneau, qui apporte toute son identité à cet établissement passionnant. Tandis que le chant du vent nous berce de ses mélodies estivales, le lieu vibre le temps d’un service avec une humilité exquise.

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La terrasse de la Villa Madie © Edouard Amoiel

David Piquet : le mage viticole

Une fois attablés on prend conscience du moment exceptionnel que nous allons vivre. Peu d’établissements peuvent se targuer de disposer d’un tel panorama et d’avoir le Cap Canaille de Cassis dans sa ligne de mire. Retour en salle où David Piquet, à la fois chef d’orchestre et mage viticole des lieux, accueille et conseille ses convives avec minutie et respect. On aurait envie de parler pendant des heures avec ce professionnel au talent reconnu mais d’autres convives l’attendent restant à l’affût de ses faits et gestes. La sardine « dans tous ses états » ouvre le bal et ancre élégamment le menu dans son hommage à la mer.

Au fil des minutes qui passent, la couleur du soleil couchant baigne l’horizon azuréen d’un rose enchanteur. La palette des mets n’attendait que ce moment pour faire son entrée : une peinture iodée, végétale et marine, un hymne aux producteurs et pêcheurs régionaux avec un œuf, une courgette, un morceau de thon au vinaigre de Barolo, un radis qui s’alignent dans l’assiette dans un désordre parfaitement organisé. Et pour suivre, un pavé de loup, nacré comme il se doit, avec son émulsion iodée et un carpaccio relevé aux senteurs régionales.

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Palette estivale © Edouard Amoiel

Cœur, cœur et cœur

La seiche désarçonne avec son bouillon d’ail tandis que la crevette carabinero, confinée dans une tartelette aux fruits rouges, émerveille en faisant la transition entre la mer et la terre. La fricassée de lapin aux premiers abricots et girolles séduit par ses réductions et son jus opulent. Quand arrive le dessert, une cerise relevée au « Heering » et vinaigre de sureau, la nuit est tombée et nous a surpris. L’instant fut précieux. Nous restons admiratifs de la beauté des lieux et de tous ceux qui participent à la réussite d’une maison de cœur, au cœur d’une région de cœur.