L’Auberge de l’Abbaye de Montheron, au cœur de la nature

Edouard Amoiel
03 février 2025
Récemment reprise par Alba Farnos Viñals aux fourneaux et Paul Marsden en salle, l’Auberge de l’Abbaye de Montheron est une véritable pépite. Charme, élégance et naturel garantis.
Nous avons d’emblée été séduits. Tout est dit, l’article pourrait presque s’arrêter là. Mais en ce début 2025, il serait dommage de ne pas vous fournir plus de détails sur un lieu, une ambiance, un engagement culinaire des plus surprenants dont vous allez sûrement tomber amoureux. L’Auberge de l’Abbaye de Montheron offre un dépaysement saisissant en étant si proche de la nature environnante et si éloignée de notre quotidien citadin. Laissons-nous bercer par une jeune équipe déjà bien rodée qui illumine notre déjeuner par sa bienveillance et son talent.

Un royaume boisé
Toute de bois vêtue, la salle principale est une invitation intimiste et sensorielle à la quiétude et la détente. Une ambition gastronomique est ainsi mise en évidence tout en se démarquant de certains codes traditionnels qui ne seraient point les bienvenus au sein de cet environnement apaisant. Pas de nappe blanche mais un mur de papillons. Pas de carafe en cristal mais des bouteilles en verre soufflé et sculpté pour servir l’eau. Pas d’argenterie, le couteau sert pour plusieurs plats. Pas de porcelaine mais une vaisselle des plus originales et variées. C’est le comble du luxe sans ostentation, libéré et naturel, en phase avec les éléments qui nous entourent.
Avec Paul Marsden en chef de file du côté de la salle, le service est lui aussi libre, enjoué et joueur. Les jeunes membres du personnel prennent plaisir à échanger, à expliquer sans tomber dans le récit monotone d’une partition dictée par la cuisine. La carte des vins, quant à elle, est franche, informelle et séduisante pour tous et pour toutes les bourses. Elle demeure en cours d’élaboration, nous précise-t-on… réjouissons-nous de faire de futures nouvelles découvertes viticoles. Le repas commence avec du céleri boule cuit au lait qu’accompagnent des graines de tournesol, le tout assaisonné avec un espuma de citron noir et de l’huile de sarriette. Un amuse-bouche qui laisse présager un déjeuner mémorable.

Ballotine de truite
Le carpaccio de colrave légèrement croquant, à l’huile de noisette, et son gel de verjus et croustillant de noisette font dignement la part belle à une introduction végétale. Incisif. Restons dans une approche brute avec le tartare de bœuf Black-Angus accompagné de pickles de champignons shiitake, d’un jaune d’œuf séché au sel, d’un crémeux de colrave et d’un crumble de beurre noisette. Rustique. La raviole frite aux épinards garnie de pommes de terre et de chou est présentée sur une mousse de crème double et son coulis de cime di rappa. Pureté végétale. La ballotine de truite est servie avec un écrasé de courge, du butternut confit dans un sirop de camomille, d’un œuf de truite et son beurre blanc au chasselas. Coup de cœur.
Ce périple presque perdu en terre vaudoise restera longtemps gravé dans nos mémoires. La cuisine d’Alba Farnos Viñals nous a transpercé le cœur jusqu’à l’âme par son humilité gustative. Quelle joie de pouvoir se délecter, de tomber amoureux d’un lieu qui respire la simplicité et l’authenticité ! Quelle chance de partager ces moments et de les apprécier… Merci la vie.