Conte épicé

Edouard Amoiel

11 mai 2022

Le chef Nasser Jeffane rend ses lettres de noblesse à la cuisine marocaine et bien au-delà. Un songe d’une nuit d’épices qui ravi et dépayse.

Au fil du temps, les Eaux-Vives sont devenues un véritable melting-pot culinaire et ont pris un virage gastronomique considérable. Encore un no man’s land culinaire il y a 10 ans, le quartier bordant la rive gauche du Léman est aujourd’hui en pleine ébullition et ne cesse de nous surprendre. Quelle évolution ! Du restaurant transalpin étoilé, en passant par la cantine péruvienne pour expatriés ou par l’établissement incontournable et festif de nourriture indienne contemporaine, difficile de ne pas y trouver son bonheur.

© Edouard Amoiel

Voyage, voyage

Dernier arrivé en date, et non des moindres, le chef Nasser Jeffane qui ouvre son restaurant en tant que patron. Après avoir officié au côté du chef Thierry Marx à Paris, à l’hôtel Mandarin Oriental à Genève, derrière les fourneaux du restaurant Kasbar et supervisé les casseroles de l’Inda-bar, ce talentueux cuisinier vole enfin de ses propres ailes. Avec Attar, il propose une alternative de choix en mettant à l’honneur certains classiques de la cuisine marocaine. En un clin d’œil, nous voici transportés sur la route de la soie grâce à une cuisine subtile et épicée. Derrière la cuisine vitrée donnant sur une salle aux couleurs chaudes rappelant la ville ocre de Marrakech, l’ambiance invite au voyage tout en conservant des repères contemporains.

Côté cuisine, c’est un festival qui nous ouvre le chemin vers ce grand pays gastronomique qu’est le Maroc et bien plus. Alliant connaissances traditionnelles et ambitions de modernité, Nasser Jeffane jongle merveilleusement bien avec les deux mondes. Difficile de ne pas se laisser séduire par la divine pastilla de volaille, aux amandes torréfiées et parfumées à la cannelle, gourmande et croquante à la fois ou par la magnifique interprétation du kebbe nayeh, un tartare de boeuf légèrement relevé, présenté de manière insolite dans un os à moelle. Le méchoui d’épaule d’agneau aux neuf épices cuit toute la nuit se partage entre amis passionnés. La viande, qui se détache d’un simple coup de fourchette, est accompagnée de pommes de terre et d’un chutney de menthe ; comment rester insensible à ce moment de dégustation exceptionnel

© Edouard Amoiel

Couscous

Pour une première, le restaurant à Attar se montre à la hauteur de ses promesses parfumées et épicées. Nasser Jeffane et son équipe ont sans aucun doute un bel avenir devant eux. En attendant de voir peut-être un jour sur la carte quelques tajines et l’emblématique couscous, souhaitons-leur bonne et longue route dans les méandres de la restauration romande.